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attestée par de nombreux auteurs, Ctésias, Justin, Moïse deKUoren, Arnobe, saint Augustin, Orose, Eusèbe, nous montre Ninus et Sémiramis en guerre avec les Bactriens et leur roi Zoroastre. Il n’y a point à prendre ces incertaines assertions à la lettre, mais il s’en dégage ce fait : que le premier empire chaldéen, qui dura jusqu’au treizième siècle avant J.-C, se trouva en lutte avec les Bactriens. On a découvert depuis vingt ans, dans les vallées de l’Euplirate et du Tigre , un grand nombre d’inscriptions, dont quelques-unes, fort anciennes. A mesure qu’on parviendra à les mieux déchiffrer, on y trouvera sans doute quelques renseignements sur les guerres des princes chaldéens contre les Ariens, et ces découvertes, il faut l’espérer, jetteront quelque lumière sur les obscures révolutions de l’Ariane.

A l’époque où parut Zoroastre , les Ariens , c’est-à-dire les peuples répandus de l’Hindo-Kliousch à la Caspienne , et de l’Iaxarle aux rivages de l’océan Indien et aux montagnes situées à l’est du Tigre, flottaient entre l’état nomade des peuples pasteurs et l’état sédentaire des agriculteurs. Leur principal établissement était dans les vallées de l’Oxus et de ses affluents , dans cette Bactriane que Strabon appelle la plus belle et plus importante partie de toute l’Ariane (Tfiç, (îu[jnïâ(ni ; ApiavYj ; itpôax’l"-*). Là ils commençaient à cultiver la terre, à se réunir en villages, tandis que leurs frères continuaient la vie de pâtres et de chasseurs dans les forêts du nord et dans les steppes du midi ; là aussi ils avaient atteint ce degré d’organisation politique qui consiste à grouper un certain nombre de familles autour d’un chef : c’est le clan, qui précède la cité ou la royauté ; les autres Ariens, nomades, n’avaient pas encore dépassé cette extension de la famille qui constitue la tribu cn-ante. Du veste, nomades ou agriculteurs, les Ariens, d’où sont sorties toutes les nations qui, à partir des Hellènes, ont fait la gloire et la grandeur du monde, étaient actifs, braves et intelligents. Leur langue, origine commune du sanscrit, du grec, du latin, de l’allemand, du slave, se prêtait déjà à rendre ou les nombreuses personnifications divines que le-s phénomènes de la nature suggéraient à leur imagination poétique , ou même des idées plus générales , premier résultat de la réflexion dans ces esprits vigoureux et naïfs. Zoroastre, né en de’nors de la Bactriane, dans une tribu à demi nomade, dont la vie était rude sans doute et le culte rempli de ces superstitions confuses qui provenaient de la multiplicité des dieux, conçut, en s’appuyant sur des traditions plus anciennes, l’idée de simphfier le culte, de le ramener à une sorte de monothéisme, et de faire de ce culte plus simple, plus général , un lien entre les tribus éparses , en même temps , d’attacher ces tribus à la vie agricole. Sa légende, telle qu’elle a été racontée par les poètes persans modernes, ne mérite au-


cune considération : on n’en peut rien tirer d’historique ; mais il n’en est pas ainsi de quelques détails répandus dans le Yaçna, dont plusieurs hymnes remontent à Zoroastre lui-même, dont les autres sont de son école.

Dans l’hymne neuvième du Yaçna on trouve la liste des hommes pieux qui ont reçu la révélationdivine. Ce sont Vivaghao, Athoya,Thrita,et enfin Pourouschaçpa , « qui fut jugé digne d’être le père de Zoroastre, de celui qui devait apprendre aux hommes le Ahuna-Vairya , prière qui est l’arme la plus puissante contre les démons , et auquel il était réservé de faire rentrer sous terre les daêvas , qui avant lui parcouraient le monde sous des figures humaines ». Héritier de ces traditions religieuses, Zoroastre commença à les répandre autoiir de lui ; mais sa prédication n’acquit de l’éclat que lorsqu’il la porta dans la Bactriane. Là il eut, comme tous les fondateurs de religion, de grandes difficultés à vaincre. Enfin, après une résistance qui dura sept ans , un des principaux chefs bactriens , Kava-Vislaçpa, se laissa convertir. Aidé par lui et par d’autres disciples influents, Frashaoçtra, Yamûçpa, Gayrtmerelhria, Zoroastre conquit à ses doctrines une grande partie de la Bactriane ; mais dans cette contrée même et dans les contrées voisines il rencontra un obstacle insurmontable parmi beaucoup de tribus nomades. Celles-ci défendirent leurs dieux par les armes, et après des luttes qui durèrent peut-être plusieurs siècles , et dont les péripéties nous sont inconnues, elles émigrèrent plutôt que de se soumettre au culte de Mazda. La prédication de Zoroastre eut donc pour effet de diviser la race arienne en deux familles religieuses ennemies, celle des Mazdayaçnas ^adorateurs de Mazda), et celle des Daêvayaçnas ( adorateurs des Daêvas ). Le culte des dévas ou dieux a son livre sacré dans le Rig-Veda, et nous n’avons pas à l’étudier ici. Du culte même de Mazda nous ne dirons que ce qui se rapporte plus j>articulièrement à Zoroastre , une exposition complète du mazdéisme ou parsisme dépassant de beaucoup les limites d’un travail biographique.

La doctrine de Zoroastre est fondée sur l’existence de deux principes, le principe du bien, Ormuzd ( Ahoura-Mazda , le sage vivant), et le principe du mal , Ahriman ( Agra-Mainyou , le mauvais esprit ) , qui n’est pas encore nommé dans les Gâlhâs, mais qui s’y trouve certainement, car il y est dit : « Dès le commencement il existe une paire de jumeaux, deux esprits, ayant chacun une activité propre. Ce sont le bien et le mal en pensées , en paroles et en actions. Choisissez entre les deux. Soyez bons, ne soyez pas méchants. » On a prétendu qu’au-dessus des deux principes existait un principe absolu , la durée incréée, Zert ;ane-4Aerene. Cette conception mentionnée dans le Boundehtsch appartient au développement postérieur du parsisme, et n’est pas de Zoroastre. Pour lui les deux prin-