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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 1, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/34

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de goût avec la même sévérité que si c’était une fausse maxime de morale, une hypothèse erronée de la science, ou une hérésie en religion. Le génie aussi, nous le savons, est capricieux, et veut avoir son libre essor, même hors des régions ordinaires, ne fût-ce que pour hasarder une tentative nouvelle. Quelquefois enfin, on peut arrêter ses regards avec plaisir sur une peinture arabesque, exécutée par un artiste doué d’une riche imagination ; mais il est pénible de voir le génie s’épuiser sur des sujets que le goût réprouve. Nous ne voudrions lui permettre une excursion dans ces régions fantastiques, qu’à condition qu’il en rapporterait des idées douces et agréables. Nous ne saurions avoir la même tolérance pour ces caprices qui non-seulement nous étonnent par leur extravagance, mais nous révoltent par leur horreur. Hoflfmann doit avoir eu dans sa vie des momens d’exaltation douce aussi bien que d’exaltation pénible ; et le champagne qui pétillait dans son verre aurait perdu pour lui sa bienveillante influence, s’il n’avait quelquefois éveillé dans son esprit des idées agréables aussi bien que des pensées bizarres. Mais c’est le propre de tous les sentimens exagérés, de tendre toujours vers les émotions pénibles ; comme les accès