Aller au contenu

Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 1, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

profond respect que je portais à la châtelaine, et me firent mille caresses. Mais je ne voyais, je n’entendais que la baronne, et cependant je savais qu’il était aussi impossible de songer à mener une intrigue d’amour, que d’aimer, comme un écolier ou comme un berger transi, une femme à la possession de laquelle je devais à jamais renoncer. Puiser l’amour dans ses regards, écouter sa voix séduisante, et puis, loin d’elle, porter toujours son image dans mon cœur, c’est ce que je ne voulais et que je ne pouvais pas faire. J’y songeai tout le jour, la nuit entière, et dans mes extases, je m’écriais en soupirant : — Séraphine ! Séraphine ! Mes transports furent si vifs que mon oncle s’éveilla.

— Neveu ! me cria-t-il, je crois que tu rêves à haute voix. Dans le jour, tant qu’il te plaira ; mais la nuit, laisse-moi dormir.