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CONTES NOCTURNES.

jeune femme me regarda d’un air si surpris, que je crus nécessaire de me remettre aussi bien que je le pus, en lui disant que je croyais déjà l’avoir vue quelque part. La courte objection qu’elle me fit en répondant que la chose lui paraissait peu probable puisqu’elle était arrivée de la veille et qu’elle venait pour la première fois de sa vie à Berlin, me rendit stupéfait, dans toute l’étendue du mot. Je gardai le silence. Le regard angélique que me jeta la jeune personne, me rendit seul quelque force. Vous savez comme en telle occasion, on tâte doucement les touches intellectuelles, jusqu’à ce qu’on retrouve le ton convenable. Je fis ainsi, et je vis bientôt que j’avais auprès de moi une tendre et gracieuse créature, dont l’âme était malade d’exaltation. Quelque joyeuse tournure que prît notre conversation,