Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 13, trad. Loève-Veimars, 1830.djvu/37

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seigneur ! sais-je moi-même quel démon d’enfer m’a saisi de ses griffes chaudes et me tient entre ciel et terre, si bien que je n’appartiens plus à celle-ci, et que je soupire vainement pour les joies de l’autre ? Les poètes païens parlent des ombres des morts qui ne peuvent entrer ni dans les champs élyséens, ni dans le trou d’enfer. Ils vont et viennent sur les rives de l’Achéron, et les airs ténébreux, où ne brille pas une petite étoile consolante, retentissent de leurs gros soupirs et des plaintes de leur tourment sans nom. Leurs gémissemens, leurs prières dolentes sont vaines, le vieux batelier les repousse impitoyablement lorsqu’ils veulent entrer dans sa terrible nef. L’état de ces misérables damnés est le mien.

Bientôt, après avoir parlé de la sorte au landgrave, Henri de Ofterdingen,