Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 13, trad. Loève-Veimars, 1830.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grave son maître, et lui adressa toutes sortes de paroles consolantes. Alors Henri lui dit d’une voix éteinte : — Il m’est arrivé beaucoup de choses bizarres. Il se peut que je me sois conduit parmi vous comme un insensé, sans doute vous pensez tous qu’un funeste secret, que je cache en mon sein, m’agite et me tourmente ainsi. Hélas ! mon état désespérant était un secret pour moi-même. Une douleur violente déchirait mon cœur, mais il m’était impossible d’en savoir la cause. Tous mes efforts me semblaient misérables ; les chants, que j’avais tenus autrefois pour chefs-d’œuvre, ne me paraissaient plus que faibles, faux, indignes du dernier écolier. Un délire inconnu, une joie du ciel, étaient suspendus au-dessus de ma tête comme une étoile d’or, il fallait y parvenir ou tomber. J’élevais mes regards, j’étendais