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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 2, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/210

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le bagage, et l’on entendait à la fois les lamentations de Lauretta, les éclats de rire de Térésina, le bavardage de la Napolitaine, les aboiemens des chiens et les cris que m’arrachait la douleur. Térésina s’écria qu’elle ne pouvait endurer plus long-temps cette situation ; d’un bond elle s’élança hors de la voiture, détacha mon cheval, s’assit de côté sur la selle et se mit à galoper devant nous. Je dois avouer quelle maniait son palefroi avec une habileté extrême ; la noblesse de sa tournure et la grâce de son maintien se déployaient avec plus d’avantage ; elle se fit donner sa guitare ; et, passant les rênes autour de son bras, elle chanta les premières strophes de la Profecia del Pireneo, cette altière romance espagnole de don Juan Baptiste de Arriaza :

Y oye que el gran rugido
Es ya trueno en los campos de Castilla