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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 2, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/231

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ce qui m’empêcha de les revoir… Chaque compositeur conserve sans doute une impression profonde que le temps ne peut affaiblir. Le génie de l’harmonie lui parla une première fois, ce fut l’accent magique qui lui révéla la puissance de son âme. Qu’une cantatrice fasse entendre à l’artiste des mélodies qui échauffent son cœur, l’avenir commence aussitôt pour lui. Mais c’est notre lot, à nous pauvres et faibles mortels, garrottés sur la terre, de vouloir renfermer dans le cercle étroit de notre misérable réalité, ce qui est céleste et infini. Que cette cantatrice devienne notre maîtresse ou même notre femme ! le charme est détruit, et cette voix mélodieuse qui nous ouvrait les portes du ciel, sert à exprimer des plaintes vulgaires, à gronder pour un verre cassé ou pour une tache sur un habit neuf ! Heureux le compositeur qui ne revoit