Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 3, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/105

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dant une aubaine, et travaillant pour gagner un misérable salaire ?

Antonio soupira profondément ; il prit place auprès de la vieille et lui dit : — Ah ! ma mère, je sais trop bien que je suis né de parens qui vivaient dans l’aisance ; mais j’ignore entièrement qui ils étaient et comment je les ai quittés. Je me souviens d’un homme de belle taille, qui me prenait souvent dans ses bras et qui me comblait de caresses, ainsi que d’une charmante femme qui me plaçait chaque jour dans une couche bien douce et bien molle. Tous deux me parlaient dans un langage étranger dont j’avais retenu quelques paroles. Lorsque j’étais rameur, mes camarades me disaient toujours qu’à mes yeux, qu’à mes cheveux et à ma tournure, il était facile de s’apercevoir que j’étais d’origine allemande. Je le crois aussi. Le souvenir le plus vif qui me soit resté de ce temps