Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 3, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/114

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ne fleurissent qu’à minuit ; entends-tu bien les murmures des vents du soir, les gémissemens de la mer qui s’agite ? Prends ta rame, hardi gondolier, prends ta rame !

Antonio se sentit frappé d’effroi en entendant ces singuliers discours. Ils étaient arrivés auprès de la colonne qui porte le lion adriatique. Antonio s’arrêta et dit à la vieille mendiante d’un ton rude et mécontent : — Arréte-toi, vieille sorcière, et tiens moi des discours moins obscurs. Tu m’as prédit le bonheur qui devait m’advenir en sauvant le doge, il est vrai ; mais aujourd’hui, que me parles-tu de jeunes veuves, de myrtes, de roses et de fiancées ? Veux-tu me tromper ou m’exciter à faire quelque folie ? Tu auras une capuce neuve, le pain, les sequins, tout ce qu’il te plaira, mais laisse-moi m’éloigner en paix.

À ces mots, Antonio voulut la quit-