Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 3, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/116

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gris épars, je frissonne et je songe que ta emploies peut-être quelques moyens ténébreux pour m’attirer.

— O Seigneur du ciel ! s’écria la mendiante au désespoir. Quel démon t’a inspiré de semblables pensées. Accuser de sortilège celle qui a sauvé ton enfance des dangers qui la menaçaient ; car, cette femme dont le souvenir est resté dans ton âme, Tonino, cette femme n’était autre que moi.

— Crois-tu donc m’abuser, vieille insensée ? les souvenirs de mon enfance sont encore vivans dans ma mémoire ; cette femme charmante, je crois encore la voir devant mes yeux, avec son visage frais et coloré, ses yeux doux et étincelans, les cheveux bruns et sa main blanche et potelée. Elle avait à peine trente ans ; et toi, ne comptes-tu pas déjà près d’un siècle ?

— O Dieu du ciel ! s’écria la vieille.