Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 3, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/117

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mon Tonino a oublié sa fidèle Marguerite !

— Marguerite ? murmura Antonio, Marguerite ? ce nom résonne à mon oreille, comme un air long-temps oublié. Mais non, il n’est pas possible !

— Il n’est que trop possible, Tonino ! Cet homme qui te comblait de caresses, c’était ton père, et la langue que nous parlions ensemble était la langue allemande. Ton père avait été un riche marchand d’Augsbourg. Sa jeune et jolie femme mourut en te donnant le jour. Il se retira alors à Venise, pour fuir le lieu où il avait perdu celle qu’il chérissait, et il m’emmena avec lui. J’étais ta nourrice. Dans cette nuit fatale, où ton père succomba sous un destin funeste, je parvins à te sauver : un noble Vénitien t’accueillit. Mon père, ancien chirurgien, m’avait fait connaître les propriétés des plantes curatives ; mais à