Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 3, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/165

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loureux, que je faillis en pleurer : Amare, amare. Ah ! senza amare ! — Je m’accroupis à ses pieds, et je me mis à lui parler de toi. Elle se cachait toujours le visage, et ses soupirs devenaient de plus en plus fréquens. Je ne lui cachai pas que tu t’étais travesti pour conduire sa gondole , et que je ne pourrais résister à tes désirs qui t’entraînent auprès d’elle. Quel torrent de larmes s’échappa de ses yeux ! Elle s’écria avec violence : Au nom du Christ, au nom de tous les saints ! Je ne puis le voir ; je t’en supplie, dis-lui qu’il n’approche jamais de moi. Il faut qu’il quitte Venise ; qu’il parte, qu’il parte au plutôt ! — il faut donc qu’il meure, ce pauvre Antonio, m’écriai-je à mon tour ! En ce moment, le vieux Falieri entra dans la chambre, et me fit signe de m’éloigner.

— Elle me repousse, elle me repousse loin d’elle ! s’écria Antonio dans un profond désespoir.