Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 4, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/147

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Avez-vous un beau ducat cordonné dans, votre poche ?

— Sans doute ! répondit Benjamin avec colère. Mais que voulez-vous en faire ?

— Prenez ce ducat, dit l’orfèvre, et rognez-le avec cette lime.

Benjamin exécuta cet ordre avec une dextérité qui annonçait une longue habitude ; et, à mesure qu’il rognait le ducat, la bordure revenait et paraissait plus belle ; il en fut ainsi de tous les ducats que rogna Benjamin, dont le cordon devenait plus épais après l’opération.

Manassé était resté jusque là fort tranquille ; à cette vue, il s’élança sur son neveu, et s’écria d’une voix altérée :

— Dieu de mes pères ! quel miracle ! donne-moi cette lime, elle m’appartient. C’est un secret magique pour lequel j’ai vendu mon âme depuis plus de trois