Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 4, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

chair que souvent il me vient la singulière pensée que je suis lui. Je ne parle de personne autre que du Suisse Léonard Turnhauser de Thurm , qui vivait ici à Berlin, vers l’an 1582, à la cour de l’électeur Jean Georges. Autrefois, comme tu le sais sans doute, chaque chimiste était un alchimiste, et chaque astronome s’appelait un astrologue ; Turnhauser était l’un et l’autre. Il est certain toutefois que Turnhauser opérait les choses les plus remarquables, et qu’il passait pour un grand médecin. Il avait néanmoins le défaut de vanter partout sa science, de se mêler de tout, et d’apporter en toute occasion sa personne et ses conseils. La haine et l’envie se dirigèrent contre lui ; il arriva qu’un jour on persuada à l’électeur que Turnhauser savait faire de l’or ; mais celui-ci, soit qu’il ne sût vraiment pas en faire, soit que d’autres motifs le retinssent, refusa