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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 4, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/84

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encore dans les concerts. Chacun sait qu’il est long, jaune et maigre, que ses joues sont ombragées de noirs favoris, et d’un nez recourbé comme un damas d’Orient, et que tous ses traits portent éminemment le caractère du peuple venu d’Israël. Il s’habille selon la dernière mode anglaise, toujours selon la plus bizarre ; il parle plusieurs langues avec l’accent de ses coreligionnaires ; il racle le violon, il martelle le piano, il assemble des vers, il juge des beaux-arts sans connaissance et sans goût ; il parle hardiment et sans esprit ; il tranche, il décide ; il est bref, hautain, brusque, avide, plein de lui ; bref, il est insupportable.

Le conseiller ne put s’empêcher de songer aux millions du jeune Manassé, mais en même temps une foule d’obstacles vint s’offrir à sa pensée.

— Mon cher Manassé, dit-il, vous