n’offrait aucune ressemblance, et que la peinture en était pitoyable. Elle démontra au conseiller qu’il paraissait infiniment plus jeune et plus beau que le peintre ne l’avait fait dans ce tableau, qui cependant était déjà terminé depuis quelques années ; et elle blâma surtout l’air renfrogné de la figure, ainsi que le bouquet de roses d’un goût gothique que le conseiller tenait entre ses doigts, ornés de bagues en diamans.
Albertine parla tant et si long-temps sur ce portrait que le conseiller finit par trouver lui-même que le portrait était abominable, et qu’il en vint à ne pouvoir comprendre comment le peintre avait pu défigurer de la sorte son aimable personne. Et plus il contemplait le portrait, plus il s’échauffait sur cette idée, si bien qu’il résolut enfin de reléguer dans le garde-meuble ce malencontreux barbouillage.