Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 8, trad. Loève-Veimars, 1830.djvu/220

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brisé ; seulement j’ai été condamné à errer parmi les profanes, comme un esprit banni, sans forme, pour que personne ne me connaisse, jusqu’à ce que l’œil m’élève jusqu’à lui, sur son regard. ― Ah ! chantons maintenant les scènes d’Armide.

Et il se mit à chanter la dernière scène d’Armide avec une expression qui pénétra jusqu’au fond de mon âme. Mais il s’éloigna sensiblement de la version originale : sa musique était la scène de Gluck, dans un plus haut degré de puissance. Tout ce que la haine, l’amour, le désespoir, la rage, peuvent produire d’expressions fortes et animées, il le rendit dans toutes ses gradations. Sa voix semblait celle d’un jeune homme, et des cordes les plus basses elle s’élevait aux notes les plus éclatantes. Toutes mes fibres vibraient sous ses accords ; j’étais hors de moi.