Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/115

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pouvait bien avoir raison, mais une chose très-fâcheuse fut qu’il commença à s’affecter extrêmement de cette découverte. Adieu tous les rêves séduisants qui le charmaient autrefois : les voix mystérieuses du bois n’avaient plus pour lui que des accents de dérision, et frappé d’un vertige terrible, il s’enfuit à Kerepes. « Monsieur Balthasar ! — mon cher monsieur Balthasar ! » c’est ainsi qu’il s’entendit appeler tout-à-coup. Il leva les yeux et resta immobile comme frappé de la baguette d’un enchanteur. Car justement à sa rencontre arrivait le professeur Mosch Terpin, donnant le bras à sa fille Candida. Candida salua le jeune homme transformé en statue avec la naïve et amicale sérénité qui lui était propre. « Balthasar, mon cher Balthasar ! s’écria le professeur, car vous êtes le plus zélé, le plus distingué de mes auditeurs ! — Ô mon très-cher, je le vois, vous aimez la nature et ses merveilles, comme moi qui en suis réellement fanatique ! Vous venez certainement encore d’herboriser dans notre petit bois. Qu’avez-vous trouvé de curieux ? — Là ! faisons donc plus intimement connaissance. Venez me voir, vous serez toujours le bienvenu. Nous pourrons expérimenter ensemble. Avez-vous déjà vu ma machine pneumatique ? — Eh bien ? mon cher — demain au soir une réunion d’amis a lieu chez moi pour prendre du thé avec des tartines au beurre, et se livrer à une agréable causerie : augmentez-la de votre chère présence. Vous ferez la connaissance d’un jeune homme vraiment charmant qui m’a été recommandé. Bonsoir,