Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/121

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tu t’exposes par ta passion insensée. Candida est une fort jolie et charmante petite fille ; mais elle ne convient pas le moins du monde à ton caractère mélancolique et rêveur. Quand tu la connaîtras plus intimement, son naturel gai et naïf te paraîtra un défaut de poésie, chose qui te choque partout si rudement ; tu tomberas alors dans toutes sortes de rêveries extravagantes, et tout cela te conduira par mille et mille souffrances imaginaires à un désespoir frénétique et à un sombre dénouement. — Au reste, je suis pareillement invité pour demain chez notre professeur, qui doit nous amuser avec de très-belles expériences. — Maintenant, bonne nuit ! rêveur romanesque. Dors bien, si tu peux dormir toutefois la veille d’un jour aussi solennel que celui de demain. »

Ce fut ainsi que Fabian quitta son ami, qui était tombé dans une profonde méditation. — Ce n’était pas sans raison que Fabian regardait tous les accidents d’une fatalité déplorable, comme les conséquences probables d’une liaison entre Candida et Balthasar. Car le contraste de leurs natures et de leurs caractères motivait suffisamment une pareille supposition.

Candida, chacun était obligé d’en convenir, était une jeune fille charmante, avec des lèvres un peu épanouies, et de ces yeux dont les ardents rayons vont droit au cœur. Si l’on pouvait appeler bruns plutôt que blonds, ou blonds plutôt que bruns ses cheveux d’ailleurs fort beaux, et qu’elle s’entendait merveilleusement à arranger et à grouper en nattes de la ma-