Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/149

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sait ces sons mélodieux que les deux jeunes gens avaient entendus de loin. Deux licornes blanches comme la neige avec des harnais d’or trainaient cet équipage que dirigeait à la place du cocher un faisan d’argent tenant dans son bec des rênes d’or. Par derrière, se tenait un grand scarabée doré, qui paraissait occupé, en agitant ses ailes flamboyantes, à procurer de la fraîcheur à l’homme bizarre assis dans la coquille. Lorsqu’il passa devant les deux amis, il leur adressa un signe de tête amical. En même temps, du bouton étincelant qui surmontait un long bâton que cet homme portait à la main, un rayon lumineux jaillit sur Balthasar, qui sentit aussitôt un trait brûlant et acéré entrer dans sa poitrine, et qui tressaillit de tout son corps en poussant un grand soupir. L’homme le regarda en souriant, et réitéra ses signes de tête amicaux.

Lorsque l’équipage magique eut disparu dans l’épaisseur du bois, toujours aux suaves accords de ses roues cristallines, Balthasar, dans une extase de volupté et d’ivresse, se jeta au cou de son ami en s’écriant: « Référendaire ! nous sommes sauvés ! — C’est lui qui rompra le charme diabolique du nain Cinabre !

» Je ne sais, dit Pulcher, ce que j’éprouve en ce moment, si je veille ou si je rêve ; mais il est certain qu’un sentiment inconnu de volupté pénètre mon âme, et que je me sens rempli de consolation et d’espérance ! »