Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/160

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sons qui frappent nos oreilles sont probablement produits par des harpes éoliennes suspendues sous les arbres. »

L’architecture simple et gracieuse de la maison, passablement grande et à un seul étage, ravit Balthasar. Il tira le cordon de la sonnette. Aussitôt la porte s’ouvrit, et un grand oiseau de l’espèce des autruches, tout reluisant d’un jaune d’or, se montra aux deux amis comme le portier du logis.

« Oh bien ! dit Fabian à Balthasar, vois donc un peu la drôle de livrée ! Et si l’on voulait donner à ce maraud un pour-boire, avec quelle main le prendrait-il pour le fourrer dans la poche de son gilet ? » Puis il se tourna vers l’autruche, et, la saisissant par le soyeux duvet de plumes qui parait son cou et le dessous de son bec, ainsi qu’un riche jabot, il lui dit : « Annonce-nous à monsieur le docteur, mon charmant ami ! »

L’autruche répondit par un kouirrrr expressif, et mordit Fabian au doigt. — « Mille tonnerres ! s’écria Fabian, voilà, en vérité, au bout du compte, un vilain oiseau ! »

Au même instant, une porte s’ouvrit, et le docteur lui-même s’avança à la rencontre des deux amis : — un petit homme sec et pâle, coiffé d’un petit bonnet de velours, d’où s’échappaient en boucles nombreuses des cheveux superbes, et vêtu d’une robe à l’indienne d’un jaune terreux, avec des petites bottines rouges lacées et garnies par le haut, ou d’une fourrure des plus fines, ou du plumage précieux de quelque oiseau, mais c’est ce qu’il était impossible de