Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/161

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décider. Sa physionomie respirait la douceur et la bienveillance même. Seulement, une chose fort étrange, c’est qu’en le regardant de très-près et fort attentivement, on apercevait, comme dans une cage de verre, une figure plus petite s’agiter et regarder à travers son visage naturel.

« Je vous ai vus venir, messieurs ! dit le docteur d’un ton assez trainant et avec un gracieux sourire, je vous ai vus venir par la fenêtre. D’ailleurs je savais d’avance, au moins pour vous, mon cher monsieur Balthasar, que vous me rendriez visite. — Ayez la bonté de me suivre. »

Prosper Alpanus les conduisit dans une chambre haute, en rotonde et tendue tout autour de draperies bleu de ciel. La lumière y pénétrait par une fenêtre pratiquée au milieu de la coupole, et projetait ses plus vifs rayons sur une table de marbre blanc et poli, portée par un sphinx accroupi. Du reste, on ne remarquait dans cette chambre absolument rien d’extraordinaire.

« En quoi puis-je vous être utile, messieurs ? » demanda Prosper Albanus.

Alors Balthasar se recueillit, et il raconta ce qui s’était passé au sujet du petit Cinabre depuis sa première apparition à Kerepes. Il conclut en déclarant positivement qu’il avait la conviction que Prosper Alpanus était le bon magicien qui devait mettre un terme aux infâmes sortiléges de l’odieux et réprouvé Cinabre.

Prosper Alpanus demeura quelques minutes silencieux et livré à de profondes réflexions. Enfin il parla