Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/167

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fondément haleine, nous voilà sortis de cette maudite salle. Cet air brûlant m’a presque étourdi, et puis, les ridicules tours d’escamotage du docteur me déplaisent au dernier point ! »

Balthasar allait lui répondre, lorsque Prosper Alpanus entra. « Il est maintenant bien certain, dit-il, que le difforme Cinabre n’est ni un gnome ni une mandragore, c’est réellement un homme ordinaire. Mais il y a ici en jeu un enchantement secret que je n’ai pu encore réussir à découvrir, et c’est pourquoi je ne puis pas vous servir plus utilement. Mais revenez me voir bientôt, Balthasar, et nous aviserons à ce qu’il faudra faire. Au revoir ! — » Ainsi donc, dit Fabian en s’approchant tout près d’Alpanus, vous êtes un magicien, monsieur le docteur ! Et avec toute votre sorcellerie vous ne pouvez même pas venir à bout de ce pitoyable petit Cinabre ? Savez-vous bien que je vous regarde, avec tous vos livres d’images, vos poupées, vos miroirs magiques et tout votre risible bataclan, comme un charlatan bien accompli ? Balthasar, lui, est amoureux et poète : aussi vous pouvez lui faire ajouter foi à tous les contes imaginables ; mais avec moi, vous seriez mal tombé : — je suis un homme éclairé et je n’admets absolument pas de miracles !

» Prenez-le comme il vous plaira ! répliqua Prosper Alpanus en riant plus fort et de meilleur cœur qu’on ne l’en aurait cru capable sur l’apparence ; mais si je ne suis pas précisément sorcier, je sais du moins exécuter d’assez jolis tours d’adresse.