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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/170

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chaient au délire, quand Fabian, à moitié fou, y échappa à la fin en se précipitant dans une maison ouverte. La queue disparut au même moment.

Balthasar ne fut pas à même de partager longtemps la surprise générale causée par ce bizarre enchantement ; car le référendaire Pulcher l’avait saisi et entrainé précipitamment dans une rue écartée pour lui dire : « Comment se fait-il que tu ne sois pas encore parti, et que tu oses te montrer encore ici, quand le massier de l’Université est à ta poursuite avec un mandat de prise de corps.

» Que dis-tu ? de quoi s’agit-il ? demanda Balthasar tout interloqué.

» La fureur de la jalousie, poursuivit le référendaire, t’a donc entrainé à ce point que tu as violé le domicile de Mosch Terpin, et rossé, maltraité si cruellement ce petit gueux de Cinabre, jusque dans les bras de sa fiancée, qu’il en est vraiment à moitié mort ! » Ah ça, écoute-moi ! s’écria Balthasar, j’ai été absent de Kerepes toute la journée. De quels infâmes mensonges…

» Oh ! tais-toi, tais-toi, l’interrompit Pulcher ; l’idée fantasque et ridicule de Fabian d’endosser cet habit à queue te favorise ; personne ne prend garde à toi en ce moment : tâche seulement de te soustraire à la honte de te voir jeté en prison, et nous verrons à arranger cette méchante affaire. — Tu ne peux plus rentrer à ton logis. Donne-moi ta clef, et je t’expédierai ce qu’il te faudra. Mais fuyons d’abord à Hoch-Jacobsheim. »