Aller au contenu

Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
SIXIÈME CHAPITRE

Comme quoi le conseiller spécial intime Cinabre se fit coiffer dans son jardin, et prit un bain de rosée dans l’herbe. — L’ordre du Tigre moucheté de vert. — Ingénieuse idée d’un tailleur de théâtre. — Comment la demoiselle de Rosebelle répandit du café sur sa robe, et reçut de Prosper Alpanus un serment de fidèle amitié.

Le professeur Mosch Terpin nageait dans l’ivresse du bonheur. « Que pouvait-il m’arriver de plus heureux, se disait-il à lui-même, que l’honorable conseiller intime Cinabre vînt dans ma maison en qualité d’étudiant ? — Il épouse ma fille, il sera mon gendre ; grâce à lui, j’acquiers la faveur du prince Barsanuph, et je gravis aussi les degrés de l’échelle que ce cher petit Cinabre franchit si rapidement. — Il est vrai que souvent moi-même je ne puis m’expliquer comment ma fille, la jolie Candida, peut être devenue folle à ce point du petit nain. Ordinairement, les femmes tiennent plus à de gracieux dehors qu’aux dons intellectuels de l’esprit ; et quand je regarde attentivement le petit conseiller spécial, il me semble qu’on ne peut pas précisément l’appeler un bel homme, qu’il est même… jusqu’à un certain point… presque… bossu. Silence ! — chut… chut ! les murs ont des oreilles. — Il est le favori du prince,