Aller au contenu

Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

brûle, me dévore plus ardemment que jamais. Partout je crois voir la délicieuse figure de la bien-aimée me tendre amoureusement les bras avec un angélique sourire ! — Oui, j’en suis sûr : tu m’aimes, tendre et charmante Candida, et voilà précisément ce qui rend si poignante et si extrême ma douleur de ne pouvoir te délivrer du maudit sorcier qui te tient sa captive ! — Perfide docteur ! que t’avais-je fait pour mériter que tu te jouasses de moi aussi cruellement ! » —

L’heure du crépuscule était déjà avancée, et toutes les couleurs se fondaient en une seule teinte grisâtre et sombre. Tout-à-coup il sembla qu’une splendeur singulière surgit de l’horizon, comme si les rayons du soleil couchant redoublassent momentanément d’éclat, et rendissent lumineux les arbres et les buissons. Des milliers de petits insectes s’élevèrent à la fois dans l’air en bourdonnant, et en agitant bruyamment leurs ailes. De luisants scarabées dorés sautaient çà et là, et partout voltigeaient les plus jolis papillons bigarrés en secouant autour d’eux le pollen odorant des fleurs. Bientôt, à ces murmures confus succéda une harmonie plus sonore et plus accentuée qui pénétra dans le cœur de Balthasar, et soulagea son amère tristesse. La lumière aérienne prenait un plus vif éclat et l’entoura enfin d’une éblouissante clarté. Il leva les yeux, et quelle fut sa surprise en reconnaissant Prosper Alpanus qui s’approchait porté par un insecte merveilleux, ressemblant à une grande demoiselle étincelante des plus riches couleurs.

Prosper Alpanus descendit auprès du jeune homme,