Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/215

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moments quelques murmures inintelligibles, que toute la société accueillait aussitôt d’exclamations admiratives discrètement prononcées.

Le moment était venu où les anneaux de mariage devaient être échangés entre les fiancés. Mosch Terpin s’avançait avec un plateau sur lequel brillaient les deux alliances. — Il toussa. — Cinabre se haussa sur la pointe des pieds autant qu’il put et il atteignait presque au coude de sa future. L’émotion de l’attente était extrême et générale, quand tout-à-coup des voix étrangères retentissent à la porte du salon, qui s’ouvre avec fracas, et Balthasar s’avance accompagné de Pulcher et de Fabian. Ils percent le cercle… « Qu’est-ce que cela ! que veulent ces étrangers ? » s’écrie tout le monde confusément. — Prince Barsanuph crie avec terreur : « Sédition ! rébellion ! — Gardes ! » — Et il saute derrière l’écran de la cheminée dont il se fait un rempart. Mosch Terpin reconnait Balthasar, qui se trouve déjà à côté de Cinabre, et il s’écrie : « Seigneur étudiant ! êtes-vous fou, — avez-vous perdu l’esprit ? Comment osez-vous pénétrer ici, au sein de cette noce ? — Messieurs ! tout le monde ! laquais ! jetez ce manant à la porte ! »

Mais, sans s’inquiéter de rien de tout cela, Balthasar a déjà tiré le lorgnon du docteur, et il examine attentivement la tête de Cinabre. Celui-ci, comme frappé d’une étincelle électrique, pousse un miaulement si aigu, que tout le salon en retentit. Candida tombe évanouie dans un fauteuil, et les groupes du cercle se dissipent comme des flots de sable au gré du vent. — Balthasar voit distinctement la mèche de cheveux