Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/226

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tranquillement, tandis que s’élaborent et mûrissent ses pensées intérieures. »

Tous les deux, le valet de chambre et le chasseur, se glissèrent jusqu’à la porte et prêtèrent l’oreille. Cinabre bourdonnait en nasillant comme un tuyau d’orgue, et sifflait dans les tons les plus variés et les plus étranges. Les deux domestiques restaient immobiles dans un respectueux silence ; et le valet de chambre dit avec une émotion profonde : « C’est pourtant un grand homme que notre gracieux maître le ministre ! »

Dès le grand matin, un violent tumulte vint troubler la paix de l’hôtel. Une vieille paysanne, grotesquement accoutrée d’habits de fête fanés depuis longtemps, s’était introduite dans la maison et avait demandé au portier de la conduire immédiatement auprès de son cher enfant, petit Zach. Le portier lui avait signifié que c’était son Excellence monsieur le ministre Cinabre, chevalier de l’ordre du Tigre moucheté de vert avec vingt boutons, qui habitait l’hôtel, et que personne parmi les gens de service ne se nommait ni ne se faisait appeler petit Zach. Alors cette femme s’était écriée avec les témoignages d’une joie extravagante que monsieur le ministre Cinabre avec ses vingt boutons était précisément son cher mignon de fils, petit Zach. Aux cris retentissants de la femme, aux jurements du portier, toute la maison était accourue, et le tapage devint de plus en plus fort. Quand le valet de chambre descendit pour chasser ceux qui troublaient aussi impudemment le som-