Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/234

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tu t’élèves, toi créature infime et débile, en empruntant leurs propres ailes. — Hélas ! ta conscience est restée muette, ton intelligence obscurcie n’a pas pu s’affranchir de ses langes, tu es resté entravé dans tes habitudes grossières et ton naturel stupide ! — Ah ! si tu avais su te corriger le moins du monde de ta rusticité native, tu aurais échappé à cette mort ignominieuse ! — Prosper Alpanus a fait en sorte que tu produises encore, après ta mort, aux yeux d’autrui la même illusion dont ma puissante faveur t’avait fait profiter durant ta vie. — Si je devais au moins te voir renaître sous la forme d’un joli scarabée, d’une agile souris ou d’un adroit écureuil, combien je serais contente ! — Dors en paix, petit Zach !… »

Au moment où la fée Rosabelverde quittait la chambre, le médecin du prince parut avec le valet de chambre.

« Au nom du ciel ! » s’écria le médecin à la vue de Cinabre mort, et après s’être assuré qu’aucun expédient n’était capable de le rappeler à la vie, « au nom du ciel ! comment cela est-il arrivé, seigneur camérier ?

» Ah ! répliqua celui-ci, ah, cher monsieur le docteur ! la sédition ou la révolution, c’est tout un, comme il vous plaira, faisait son train dans le vestibule avec un bacchanal effrayant : son Excellence, en peine pour sa précieuse vie, cherchait sans doute un refuge dans sa toilette, elle aura glissé, et…

» Ainsi, dit le docteur d’une voix émue et solennelle, le ministre est mort par la peur de mourir ! »