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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/233

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vaise humeur, une idée tout-à-fait ridicule. Cela ne se peut pas ! »

Alors la vieille se mit à gémir et à se lamenter. « Qu’est-ce que j’ai gagné, disait-elle en sanglottant, à ce que mon petit Zach soit parvenu à de si grands honneurs et à tant d’opulence ? — Ah ! s’il était resté avec moi, si je l’avais élevé dans mon humble et pauvre condition, jamais il ne serait tombé dans cette maudite machine en argent, il vivrait encore, et il aurait peut-être attiré sur moi la faveur du sort et la bénédiction du ciel. En le portant dans ma hotte quand j’allais au bois, j’aurais excité la compassion des passants, et l’on m’aurait sans doute jeté maintes petites pièces de monnaie ; mais à présent !… »

Des pas se firent entendre dans l’antichambre. La chanoinesse poussa la vieille dehors en lui recommandant de l’attendre en bas devant la porte, et lui promettant de l’instruire, avant son départ, d’un moyen infaillible pour mettre d’un seul coup un terme à ses soucis et à ses misères.

Ensuite Rosabelverde s’approcha encore une fois tout près du nain, et elle dit d’une voix attendrie et émue de pitié profonde :

« Pauvre Zach ! — rebut d’une nature marâtre ! — j’avais eu de bonnes intentions à ton égard : peut-être y a-t-il eu de la folie de ma part à penser que le don précieux dont je te gratifiais influerait sur ton esprit et réveillerait en toi une voix qui te dirait : tu n’es pas celui pour qui l’on te prend, mais efforce-toi d’égaler en mérite ceux au-dessus de qui