Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/289

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et qui lui fit signe d’un air d’embarras. Euchar alla à lui et s’écria en riant : « Eh bien, Ludwig ! depuis quand t’adonnes-tu à cette indigne boisson appelée bière ? » Mais Ludwig fit un nouveau geste, et répliqua d’un ton significatif : « Comment peux-tu parler ainsi ? La généreuse bière est une des plus nobles boissons, et je l’aime passionnément lorsqu’elle est aussi parfaitement brassée qu’ici. »

Les citadins se levèrent, Ludwig les salua avec une excessive politesse, et il fit une mine aigre-douce lorsqu’en le quittant ils lui secouèrent cordialement la main, avec de nouvelles condoléances sur son accident. Ludwig s’écria enfin : « Toujours tu me fais courir des risques inutiles avec tes manières irréfléchies ! Ne vois-tu pas que m’étant fait servir un verre de bière, j’ai avalé cette stupide boisson avec une extrême répugnance, et que les robustes maîtres d’atelier pouvaient prendre cela en mauvaise part, en agir très grossièrement avec moi, et me chasser comme un profane ? Et voilà, quand j’ai joué si adroitement mon rôle auprès d’eux, que tu viens me rendre suspect. — Bon, répartit Euchar en riant, quand tu aurais été chassé et même houspillé quelque peu, cela n’aurait-il pas dépendu de l’enchaînement nécessaire des choses ? Mais sache de quel charmant spectacle m’a rendu témoin ta chute contre une racine d’arbre prévue dans le macrocosme de toute éternité. »

Euchar décrivit la danse des œufs si joliment exécutée par la jeune fille espagnole. — « Mignon !