Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/293

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danse depuis le commencement, ta chanson a maintenant largement compensé cela, et tu ne peux plus refuser d’accepter de moi quelque chose. » Euchar avait tiré une petite bourse où l’on voyait reluire à travers les mailles de brillants ducats. Il la tendit à la petite qui s’était approchée. La jeune fille arrêta son regard sur la main d’Ëuchar, puis elle la saisit dans les siennes, et tombant à genoux, la couvrit de mille baisers brûlants, en s’écriant : Oh Dios !

« Oui, s’écria Ludwig avec exaltation, de l’or, ces douces petites mains ne doivent toucher que de l’or. » Et il demanda ensuite à Euchar s’il ne pouvait pas lui changer un thaler, attendu qu’il n’avait pas de monnaie sur lui. — Cependant, le petit bossu s’était approché tout en boitant, il ramassa la guitare qu’Émanuela avait laissé tomber, et puis il s’inclina en souriant à plusieurs reprises devant Euchar, ne doutant pas que son extrême générosité ne fût la cause des vifs témoignages d’émotion manifestés par la petite.

« Coquin ! scélérat ! » marmotta Ludwig en s’adressant à lui. Le vieux recula tout consterné, et dit d’un air lamentable : « Ah, mon bon monsieur ! d’où peut venir ce courroux ? De grâce, ne maudissez pas l’honnête et pauvre Biagio Cubas ! Ne faites pas attention à la couleur de mon visage ni à ma laideur, que je ne puis cacher. Je suis né à Lorca, et je ne suis pas moins bon chrétien que vous pouvez l’être vous-même. » — La jeune fille se releva avec vivacité et dit au vieillard en espagnol : « Oh, partons ! partons vite, petit père ! » Et tous deux