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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/296

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même de plus en plus ; si bien qu’arrivé à la porte de la ville, précisément au moment où les tambours commençaient à battre la retraite, il se jeta au cou d’Euchar, et, les larmes aux yeux, lui cria à l’oreille d’une voix aiguë cherchant à dominer les roulements étourdissants du troupier-virtuose, qu’il était décidément amoureux de la séduisante Mignon, et déterminé à risquer sa vie pour la retrouver et l’arracher aux mains du vieux drôle contrefait.

Sur le seuil de la maison où logeait Ludwig, se trouvait un domestique en riche livrée, qui s’approcha en le voyant pour lui présenter une carte. À peine Ludwig y eut-il jeté les yeux et congédié le domestique, qu’il sauta de nouveau impétueusement au cou d’Euchar, et s’écria : « Ô mon ami, tu vois en moi le plus heureux, le plus digne d’envie de tous les mortels ! que ton cœur s’épanouisse, qu’il s’ouvre au sentiment d’une volupté céleste pour partager l’excès de ma béatitude. — Mon bon ! confonds tes larmes de plaisir avec les miennes !

— Mais, demanda Euchar, quelle nouvelle si miraculeusement propice peut donc t’être annoncée sur une carte de visite ! — Ne te trouble pas, ô mon ami, poursuivit Ludwig en bredouillant, si j’ouvre devant toi le brillant et magique paradis dont cette carte doit demain me donner l’entrée !

— Je voudrais pourtant bien savoir, reprit Euchar, quel suprême bonheur l’est destiné ? — Tu vas l’apprendre, s’écria Ludwig, le savoir, l’entendre ! — Sois saisi d’étonnement, de stupéfaction ! crie ! mugis ! évanouis-toi ! — Je suis invité pour demain au