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III

Le thé esthétique ; toux suffocante d’un poète tragique. — L’histoire prend un caractère grave, et il est question de batailles sanglantes, de suicide, et d’autres choses de même genre.


Il faut absolument que le bienveillant lecteur consente à suivre nos deux amis Ludwig et Euchar au thé esthétique de madame la présidente consistoriale Veehs. Voici, en effet, une douzaine de dames environ, en grande toilette, assises en demi-cercle au milieu du salon. Celle-là sourit sans penser, celle-ci est absorbée par la contemplation de ses pieds, du bout desquels elle répète avec une scrupuleuse attention les pas de quelque nouvelle contredanse française ; une autre parait endormie d’un doux sommeil et livrée à des rêves plus doux encore ; la quatrième laisse errer les regards provocateurs de ses yeux enflammés sur tous les jeunes hommes présents, car elle ne saurait se borner à un seul ; la cinquième murmure d’une voix étouffée : « Admirable ! — divin ! — sublime ! » Et ces exclamations s’adressent au jeune poète qui débite, avec tout le pathétique possible, une nouvelle tragédie fataliste,