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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/322

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“Entends ces cris d’exaltation et de rage ébranler les champs de la Castille : les Asturies y répondent par de belliqueuses clameurs, l’impériale Séville n’a qu’une voix pour la vengeance, un tonnerre menaçant gronde dans Valence ; le sol de Monçayo frémit d’une commotion épouvantable !

“Vois, d’une frontière à l’autre, l’Espagne entière, échevelée et sanglante, se ruer aux combats : les tambours retentissent, les étendards se déploient ; le bronze éclate et tonne, les clairons fatiguent les échos, et les antiques lances enfouies sous la poussière cherchent à se dérouiller dans le sang de nouveaux ennemis.” »

Edgar se sentit le cœur embrasé par l’ardent enthousiasme qui respirait dans le chant du vieillard. Un nouveau monde s’ouvrait devant lui. Il comprit alors par quel remède il pouvait guérir sa funeste léthargie en se consacrant à une vie agitée, et, lancé dans d’audacieuses entreprises, donner un libre cours à l’activité dévorante de son âme. « Oui, en Espagne ! en Espagne ! » s’écria-t-il à haute voix : au même instant, l’instrument et la voix du vieillard se turent. Edgar ne put résisterà l’envie de connaître celui qui venait de lui révéler une vie toute nouvelle ; la porte du voisin cède sous la pression de sa main ; mais celui-ci, au premier pas qu’Edgar fait dans la chambre, s’élance hors de son lit un poignard à la main, en s’écriant « traidor ! » traître ! Cependant mon ami parvint, par une adroite manœuvre, à esquiver le coup de la mort, puis il saisit vigoureusement le