Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/342

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me félicite de pouvoir vous adresser en personne. Je suis maintenant complètement rétabli ; le père Eusebio, qui m’a guéri et soigné assidûment, peut en rendre témoignage : je me sens fort et vaillant, et ne puis supporter plus longtemps le morne repos où je vis au milieu d’ennemis que je déteste. Je vous en prie, señor, faites-moi conduire au-dehors par les chemins secrets qui viennent aboutir ici, afin que je me joigne à vos soldats et que je prenne ma part de la gloire et des dangers dont mon âme est avide !…

— Hom ! répliqua l’Empecinado d’un ton presque moqueur, est-ce que vous persistez encore dans le parti de ce peuple insensé, qui préfère mourir plutôt que de rendre hommage à la grande nation ? vos nouveaux amis ne vous ont-ils pas suggéré de meilleur avis ? — Vous connaissez mal le caractère allemand, répliqua Edgar avec dignité, vous ne savez pas que le courage inébranlable qui brûle au fond de nos cœurs aussi pur que la flamme resplendissante du naphte, que notre loyauté morale nous défendent comme une cuirasse impénétrable contre tous les traits empoisonnés de la corruption et de la perfidie. Je vous en prie encore une fois, señor, envoyez-moi au camp, que je puisse, au grand jour, donner de nouveaux gages à la bonne opinion que je crois avoir déjà dignement justifiée. »

L’Empecinado regardait Edgar d’un air surpris, tandis qu’un sourd murmure parcourait l’assemblée. Don Rafael manifesta le désir de parler à l’Empecinado ; mais celui-ci lui fit signe de s’écarter, et, s’approchant d’Edgar, il saisit sa main et lui dit avec