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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/341

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car le colonel n’était pas revenu, entendit des pas approcher ; et bientôt la voix de don Rafael s’écria : « Ouvrez ! don Edgar ! ouvrez ! » Lorsque Edgar eut ouvert, il vit devant lui don Rafael, une torche à la main, et le père Eusebio. Le premier invita Edgar à le suivre, attendu qu’il devait assister à une importante délibération dans le souterrain du couvent des Franciscains. Ils étaient déjà descendus dans le sombre corridor, et don Rafael marchait quelques pas en avant pour les éclairer, lorsqu’Eusebio souffla ces mots à l’oreille d’Edgar : « Ô Dieu, don Edgar ! vous allez à la mort ! rien ne peut plus vous y soustraire. »

Edgar avait dans maints combats sanglants conservé le sang-froid et la liberté d’esprit que donne l’intrépidité ; mais ici il se sentit frissonner d’angoisse et d’horreur à l’idée de l’assassinat qui l’attendait ; il chancela, et le père Eusebio le soutint avec peine. Pourtant, la longueur du trajet lui permit non seulement de se remettre, mais même de prendre une ferme résolution applicable à cette conjoncture périlleuse. En entrant dans la salle voûtée, Edgar aperçut le terrible l’Empecinado, dont les yeux étincelaieut de fureur et de vengeance. Derrière lui étaient groupés quelques guérillas et plusieurs moines franciscains. Alors tout à fait maître de lui-même, Edgar s’avança vivement et avec assurance vers le chef des guérillas, et dit d’un ton calme et sérieux : « Je ne pouvais être admis devant vous plus à propos qu’aujourd’hui, señor ! j’avais déjà songé à exposer à don Rafael une demande que je