Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/344

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trouva la première bande de guérillas, dans laquelle il fut incorporé.

Je passe sous silence les aventures guerrières d’Edgar, qui pourraient parfois paraître empruntées aux fabuleuses chroniques de la chevalerie, et j’arrive au moment où Edgar rencontra d’une manière tout à fait inopinée don Rafael Marchez parmi les guérillas. « On vous avait réellement mal jugé, don Edgar ! » lui dit don Rafael. Edgar lui tourna le dos.

À l’approche de la nuit, don Rafael tomba dans une inquiétude qui ne fit que s’accroître jusqu’au dernier excès de l’angoisse. Il courait çà et là, gémissant, soupirant, levant au ciel des mains suppliantes. « Qu’est-il donc arrivé au vieillard ! demanda Edgar. — Il est parvenu, répliqua Isidore Mirr, après s’être évadé lui-même de Valence, à sauver le meilleur de son avoir qu’il a fait charger sur des mulets, et il les attend cette nuit ; la crainte de quelque malheur le poursuit sans doute. » Edgar fut surpris d’une avarice qui semblait alors étouffer tout autre sentiment dans le cœur de don Rafael. — Il était minuit, la lune jetait une clarté resplendissante sur la cime des montagnes, lorsqu’on entendit le bruit d’une vive fusillade qui partait du défilé le plus proche. Bientôt, plusieurs guérillas, grièvement blessés, arrivèrent en boitant, et annoncèrent que la troupe chargée de la conduite des mulets de don Rafael avait été attaquée inopinément par des chasseurs français. Presque tous les camarades avaient été tués, et l’ennemi s’était emparé des mulets.