Aller au contenu

Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/353

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

agréablement du flageolet, je danse encore quelquefois comme un perdu au son dudit instrument, bien que secrètement et seul dans ma chambre.

— Oh, je le crois bien, cher comte ! » cria le président consistorial avec un gros rire. Pendant ce temps, Émanuela avait disparu avec le vieillard. Lorsque la société fut sur le point de se séparer, la présidente dit : « Mon cher Euchar ! je parie que vous auriez encore bien des choses intéressantes à nous raconter de votre ami Edgar ! votre récit est un fragment qui nous a tous si vivement intrigués, que nous n’en dormirons pas de la nuit. Je ne vous accorde de répit que jusqu’à demain soir pour venir nous tranquilliser. Il faut que nous en apprenions davantage sur don Rafael, sur l’Empecinado, les guérillas ; et s’il était possible que votre Edgar devint amoureux, ne nous le cachez pas surtout. — Oh ! ce serait charmant ! » cria-t-on de toutes parts. Et Euchar dut s’engager à revenir le lendemain pour compléter dignement son récit.

En retournant au logis, Ludwig ne pouvait assez s’appesantir sur les preuves touchantes que lui avait données Victorine de son fol amour pour lui. « Mais, s’écria-t-il, son propre accès de jalousie m’a fait lire clairement dans mon cœur ; j’y ai jeté un regard pénétrant, et j’ai découvert que j’aime inexprimablement Émanuela. — Je la chercherai, je lui ferai l’aveu de ma passion, je la presserai contre mon cœur !… — Oui, fais cela, mon garçon ! » répliqua Euchar tranquillement.

Le lendemain au soir, quand la compagnie de la