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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/358

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dont naturellement la peinture se représente dans cent romans et comédies, réfléchit à part lui sur le parfait bonheur domestique dont s’était vanté son ami. Il compatit intérieurement à sa triste destinée, et il chercha à diriger l’entretien sur des choses indifférentes. Mais Ludwig, loin de s’y prêter, revint au contraire sur les événements singulièrement remarquables, dit-il, qui s’étaient passés depuis l’absence d’Euchar, et dont il fallait absolument qu’il lui fit le récit.

« Tu te rappelles sans doute, commença-t-il, cette soirée chez la présidente Veehs, où tu racontas les aventures en Espagne de ton ami Edgar. Tu te rappelles aussi quel violent accès de jalousie s’empara de Victorine, et comment elle me dévoila sa brûlante passion pour moi. Et moi, fou que j’étais, tu sais que je devins en même temps éperdûment amoureux de la petite danseuse espagnole, qui me laissait lire à merveille dans ses regards à quel point je pouvais me bercer du plus doux espoir. Tu auras peut-être remarqué qu’à la fin de son fandango, lorsqu’elle rassembla avec le pied ses œufs en forme de pyramide, la pointe de cette pyramide était dirigée vers moi, placé précisément au milieu du cercle, derrière le fauteuil de madame Veehs. Pouvait-elle, je te le demande, exprimer plus clairement combien je l’intéressais ? Dès le lendemain, je me mis à la recherche de ce cher bijou ; mais il n’était pas dans l’enchaînement des choses que je la retrouvasse. Bref, j’avais oublie presque complètement la petite danseuse, lorsque le hasard…