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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/364

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aimé. La plus petite circonstance est mentionnée, et partout se retrouvent ces phrases : “Tu ne sais donc pas lire dans ce cœur… homme insensible ! Faut-il que, dans le délire du désespoir, et abjurant toute honte, je me jette à tes pieds pour te dire que sans ton amour la vie pour moi n’a plus de charmes et ressemble à la nuit du tombeau ?…” Et ainsi de suite à chaque page. À la date du jour où je m’étais épris d’un amour passionné pour la petite Espagnole, je trouve ces mots : “Tout est perdu !… il l’aime, rien n’est plus certain. Insensé ! Ne sais-tu pas que le regard de la femme qui aime peut surprendre les plus intimes sensations du cœur ?…”

» Je lisais cela à haute voix. En ce moment, Victorine parait. Son agenda à la main, je me précipite à ses pieds, et je m’écrie : “Non, non ! je n’ai jamais aimé cette petite folle : toi, toi seule as toujours été l’idole de mon cœur !” Victorine me regarde alors fixement, et s’écrie d’une voix perçante qui résonne encore à mes oreilles : “Malheureux ! ce n’est pas de toi qu’il est question.” Et, s’élançant avec précipitation, elle court s’enfermer dans une autre chambre. — Te serais-tu imaginé que la pruderie féminine pût aller aussi loin ? » —

Annette revint en ce moment, et s’informa, au nom de madame la baronne, pourquoi donc monsieur le baron ne conduisait pas auprès d’elle l’étranger dont on lui avait annoncé la visite et qu’elle attendait en vain depuis une demi-heure. « Femme excellente, incomparable ! s’écria le baron avec émotion ; elle se sacrifie à mes désirs. » Euchar ne