Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/381

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plus cuisant chagrin, lorsqu’au milieu de cette riche propriété la mélancolie la plus noire s’empare de moi, lorsque tous les maux que j’ai soufferts reviennent de nouveau m’assaillir, sachez que je trouve alors dans cet asile la consolation et le repos. Les gouttes de mon sang ont ainsi rougi cette pierre, mais elle est restée froide comme glace, et, quand elle sera en contact avec mon cœur, elle rafraichira l’ardeur funeste qui le consume. »

La vieille dame contempla du regard le plus triste le cœur de pierre ; et comme elle se penchait un peu en avant, deux grosses larmes brillantes comme des perles tombèrent sur la pierre rouge. Le vieux monsieur tendit alors la main avec vivacité et saisit celle de la dame. Ses yeux étincelaient d’un feu juvénil. Telle qu’apparait aux lueurs magiques du crépuscule l’admirable perspective d’un riche paysage embelli de fleurs et de verdure, on vit se peindre dans ses regards brûlants toute une époque, depuis long-temps passée, pleine d’amour et de bonheur. « Julie ! — Julie ! et vous aussi vous avez pu blesser d’un coup mortel ce pauvre cœur !… » Ainsi s’écria le vieux monsieur d’une voix à moitié étouffée par la tristesse la plus douloureuse.

« Ce n’est pas moi, répliqua la vieille dame avec beaucoup de douceur et de tendresse, ce n’est pas moi qu’il faut accuser, Maximilien ! — N’est-ce pas votre caractère intraitable et vindicatif, n’est-ce pas votre foi déraisonnable à des pressentiments chimériques et aux singulières visions d’une sombre fatalité, qui vous a chassé d’auprès de moi, et qui, à la