Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/382

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fin, a dû me contraindre à donner la préférence à cet homme plus doux et plus flexible qui recherchait ma main en même temps que vous ? Ah ! Maximilien, vous deviez bien le sentir combien vous étiez aimé ! mais votre incurable manie de vous tourmenter vous-même ne m’a-t-elle pas fait souffrir aussi jusqu’au dernier excès de l’angoisse et de l’épuisement ? »

Le vieux monsieur interrompit la dame en quittant sa main : « Oh, vous avez raison, madame la conseillére, il faut que je reste seul, aucun cœur humain ne doit s’attacher à moi ; tout ce que peuvent l’amitié la plus pure, l’amour le plus dévoué, vient se briser en effet contre ce cœur de pierre.

» Combien vous êtes amer ! répartit la dame, combien vous êtes injuste envers vous-même et envers les autres, Maximilien ! Qui ne vous connaît pas comme le plus généreux bienfaiteur des malheureux, comme le plus stable, le plus ardent défenseur du bon droit et de l’équité ? — Mais quel mauvais génie a donc jeté dans votre âme cette horrible défiance qui vous fait soupçonner ruine et malheur dans une parole, dans un regard, même dans la plus futile circonstance indépendante de toute volonté humaine !

» Ne porté-je pas à tout ce qui m’approche l’affection la plus sincère ? dit le vieux monsieur d’une voix adoucie et la larme à l’œil. Mais ce sentiment d’amour déchire mon cœur au lieu de le satisfaire ! — Ah ! poursuivit-il en élevant la voix, il a plu à l’impénétrable Providence de me douer d’une faculté