Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/387

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II.


Le jardin offrait ce jour-là le spectacle le plus singulièrement remarquable que l’on pût voir. Une nombreuse société de vieux messieurs, venus des petites villes voisines, conseillers intimes, conseillers auliques et autres, avec leurs familles, s’y trouvait rassemblée. Tous, jusqu’aux jeunes gens et aux demoiselles, étaient rigoureusement costumés à la mode île l’an née 1760, avec de grandes perruques, des habits galonnés, des frisures pyramidales, des jupes à paniers, et ainsi de suite ; ce qui présentait un aspect d’autant plus extraordinaire, que tous ces anciens costumes s’alliaient merveilleusement avec le caractère gothique du jardin. Chacun se croyait reporté, comme par l’effet d’un enchantement, à une époque passée depuis long-temps.

Cette mascarade était le résultat d’une idée extravagante de Reutlinger. Il avait l’habitude de célébrer tous les trois ans dans sa propriété, le jour de la Nativité de la Vierge, la fête du vieux temps ; et il y invitait tous ceux qui voulaient y assister, mais