Aller au contenu

Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/392

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Willibald, que c’est l’ambassadeur turc qui fait son entrée.

» L’ambassadeur turc ? demanda Ernest tout stupéfait. — Oui, reprit Willibald ; c’est ainsi que j’appelle le baron d’Exter, qui réside à G...., mais que tu ne connais encore que trop imparfaitement pour apprécier en lui l’un des originaux les plus surprenants qu’il y ait au monde. Il a été autrefois ambassadeur de notre cour à Constantinople, et il aime encore à se mirer pour ainsi dire au reflet de cette époque fortunée qui signala le printemps de sa vie. Ses descriptions du palais qu’il occupait à Péra rappellent les magiques palais de diamant des Mille et une nuits ; et il se vante de posséder, comme le sage roi Salomon, un secret empire sur les puissances occultes de la nature. En effet, ce baron d’Exter, malgré ses fanfaronades et son charlatanisme, a je ne sais quoi de mystique et de surnaturel qui souvent me maîtrise malgré moi, surtout en raison du plaisant contraste que présente son extérieur passablement grotesque. De là, c’est-à-dire de sa manie caractéristique pour les sciences mystérieuses, provient sa liaison intime avec Reutlinger, qui est lui-même adonné de corps et d’âme à ce genre de superstitions. Tous deux sont partisans décidés de Mesmer, et ce sont du reste d’étranges visionnaires chacun dans leur genre. »

Pendant cette conversation, les deux amis étaient arrivés jusqu’à la grande grille du parc par laquelle l’ambassadeur turc entrait effectivement. C’était un petit homme rondelet, avec un joli kaftan turc, et