Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/396

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meurs de désespoir : Exter se détermine sur-le-champ, il avance sur la dernière marche baignée par la vague, il étend le bras, et crie d’une voix sonore : Apporte ! — Soudain le chien de mer se montre à la surface de l’eau, tenant dans sa large gueule l’enfant, qu’il dépose sain et sauf et avec soumission aux pieds du magicien ; et puis, se dérobant à tout remercîment, il s’enfonce de nouveau sous les eaux.

» Oh ! ceci est un peu fort, s’écria Ernest ; ceci est un peu fortl — Vois-tu bien, poursuivit Willibald, le baron tirer à présent une petite bague de son doigt, et la montrer à Julie ? Toute belle action a sa récompense ! Exter, non content d’avoir sauvé l’enfant de la femme turque, la gratifia encore, en apprenant que son mari, pauvre portefaix, parvenait à peine à gagner leur pain de chaque jour, de quelques joyaux et de quelques pièces d’or ; à la vérité, ce n’était qu’une bagatelle, tout au plus la valeur de vingt à trente mille thalers. Là-dessus, la femme tira de son doigt un petit saphir, et força le baron à l’accepter, assurant que c’était un bijou de famille auquel elle tenait beaucoup, et dont l’action d’Exter pouvait seule lui commander l’abandon. Exler prit l’anneau qui lui semblait d’une mince valeur, et il ne fut pas médiocrement étonné lorsqu’il reconnut plus tard, à l’aide de caractères arabes presque imperceptibles gravés à l’entour, qu’il portait au doigt le sceau du grand Ali, qui lui sert maintenant quelquefois à attirer à lui les colombes sacrées de Mahomet, avec lesquelles il s’entretient.

» Voilà des histoires tout-à-fait merveilleuses,