Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/402

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condition douloureuse qu’à la danse le premier tailleur venu aurait la préférence sur lui, ce qui le réduisait à ne pouvoir s’adresser qu’aux jeunes filles que personne ne se souciait d’inviter, à cause de leur laideur ou d’autres désagréments. Henriette était engagée pour toutes les valses et contredanses, mais dès qu’elle vit son bien-aimé, elle oublia toutes ses précédentes promesses pour le prendre pour cavalier, et l’intrépide Jean renversa par terre, en lui faisant faire plusieurs culbutes, un petit avorton de tailleur qui voulait lui disputer la main d’Henriette. Ce fut le signal d’un soulèvement général. Jean se défendit comme un lion, en distribuant de tous côtés des soufflets et de solides coups de poing ; mais il dut succomber enfin au nombre de ses ennemis, et il fut ignominieusement jeté en bas de l’escalier par les compagnons tailleurs.

Plein de fureur et de désespoir, il voulait briser les carreaux, il jurait et tempêtait ; Max, en rentrant chez lui, passa par là en ce moment, et il délivra le malheureux Jean des mains des soldats du guet, qui se disposaient à le mener en prison. Jean ne cessait de se plaindre de sa mésaventure, et persistait à vouloir en tirer une vengeance éclatante. Max, pourtant, mieux conseillé, parvint à calmer son exaspération ; mais ce ne fut qu’en s’engageant formellement lui-même à prendre parti pour lui et à lui donner satisfaction de l’injure qu’il avait reçue. »

Ici Willibald s’arrêta tout court. — « Eh bien ? — eh bien ? et aprés ? — une noce de tailleurs — un couple amoureux — des coups de bâton — où tout