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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/404

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écrits des vers que j’ai malheureusement oubliés ; cependant, si je ne me trompe, le premier disait : Eh ! qu’est-ce donc que le bouc a… mangé ? — Je puis certifier, du reste, que cet étrange bouc…

» Assez ! assez ! s’écrièrent les dames, laissez là cette vilaine bête ! parlez de Max, c’est de Max que nous voulons savoir…

» Le susdit Max, reprit Willibald, donna le dessin complètement terminé et d’un effet saisissant au vindicatif Jean, qui alla aussitôt adroitement le placarder sur la porte de l’auberge des tailleurs, où, pendant tout un jour, il fut l’objet de la curiosité des passants et servit de texte à mille plaisanteries. Les polissons des rues attroupés lançaient leurs bonnets en l’air avec des transports de joie, et se mettaient à danser autour de chaque tailleur qui passait, en chantant et en criant de tous leurs poumons : « Eh ! qu’a donc mangé le bouc ! — Ce ne peut être que Max, le secrétaire du conseiller intime, qui a fait ce dessin, disaient les peintres, — ce ne peut être que Max, le secrétaire du conseiller intime, qui a écrit ces vers, s’écriaient les maîtres d’écriture. Bref, lorsque l’honorable corporation des tailleurs eut recueilli toutes les informations nécessaires, Max fut dénoncé aux magistrats comme l’auteur de la caricature ; et comme il ne pouvait guère compter sur le succès d’une dénégation, il se voyait menacé d’une incarcération peu agréable.

» Il courut alors tout désespéré chez son protecteur, le général Rixendorf ; il avait déjà consulté vainement vingt avocats. Tous avaient froncé le sour-