Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/405

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

cil, hoché la tête et parlé d’un système de dénégation opiniâtre, expédient qui répugnait beaucoup à l’honnête Max. Le général lui dit au contraire : « Tu as fait une sottise, mon cher enfant ! Ce ne sera point les avocats qui te sauveront, ce sera moi, et seulement parce que j’ai reconnu dans ton tableau un dessin correct et un véritable esprit de composition. Le bouc, comme figure principale, a de l’expression et du caractère. J’ai remarqué aussi les tailleurs déjà couchés par terre, qui présentent à l’œil un groupe de forme pyramidale très-heureux et riche sans confusion. Tu as aussi fort bien traité la figure principale du groupe inférieur, le tailleur qui travaille à se dégager avec tous les signes d’une douleur insupportable. Il y a du Laocoon dans l’expression de souffrance peinte sur ses traits. Je te félicite encore de la manière naturelle dont sont représentés ceux qui tombent, non du ciel, il est vrai. Maints raccourcis trop hardis sont très-adroitement dissimulés au moyen des carreaux. Ton imagination enfin t’a bien servi pour peindre la pénible attente de nouveaux enfantements… »

Mais les dames commencèrent à murmurer avec impatience, et le conseiller à l’habit de brocard murmura : « Mais le procès de Max, le procès, mon cher ami ?

» Cependant, ne le prends pas en mauvaise part, dit le général (ainsi continua Willibald), l’idée de ce tableau ne t’appartient pas, elle est très-ancienne ; mais c’est précisément ce qui doit te sauver. » À ces mots, le général fouilla dans un vieux bureau,